Vous avez surement déjà remarqué ma passion pour les manicomios, ces anciens hôpitaux psychiatriques italiens à l’abandon depuis la fin du siècle dernier. J’ai déjà visité les plus célèbres (d’un point de vue urbex) du nord de l’Italie, comme le manicomio di R (hôpital psychiatrique du Docteur Maboul) ou encore le manicomio di V (hôpital psychiatrique de l’électrochoqueur). Alors maintenant, pour en visiter de nouveaux, 2 solutions s’offrent à moi. La première est d’aller toujours plus loin – j’arriverai surement un jour à l’extrémité de la botte italienne. La seconde est de rechercher les établissements moins connus ou plus petits. L’hôpital psychiatrique du croque-mitaine fait partie de cette deuxième catégorie : il est peu connu dans le milieu de l’urbex. En effet je l’ai rarement vu dans les portfolios des autres explorateurs. Ainsi nous ne savions pas ce que nous allions trouver.
L’hôpital psychiatrique du croque-mitaine
Je peine à déchiffrer les sites italiens. Alors je ne peux pas vous dire de quand date la construction du complexe. Il semblerait qu’il ait toujours eu une vocation médicale. A la base c’est un sanatorium (pour le traitement des maladies pulmonaires). Puis il est en partie converti en manicomio (hôpital psychiatrique) au lendemain de la seconde guerre mondiale, afin de remplacer l’asile voisin bombardé pendant la guerre. Médecine psychiatrique et corporelle se côtoient dans ces murs pendant la seconde moitié du XXème siècle, jusqu’à la fermeture de l’hôpital dans les années 90. De nos jours il est complètement abandonné, juste gardé par un troupeau de chèvres.
Ça commence mal
Ce jour-là, nous terminons vers 17h l’exploration d’un autre manicomio. Cette visite nous laisse sur notre faim car nous ne parvenons pas à accéder à la plupart des bâtiments. Il est un peu trop tôt pour terminer la journée et nous aimerions faire une dernière exploration avant la nuit. L’hôpital psychiatrique du croque-mitaine se situe plus ou moins sur notre itinéraire. Je sais peu de choses sur lui mais c’est un manicomio, ce seul mot est synonyme de potentiel énorme pour moi. Cela peut être une superbe découverte. La décision est vite prise : nous décidons d’aller voir de plus près.
Nous arrivons à l’entrée principale de l’hôpital vers 18h, alors que le jour commence à décliner. Nous tombons sur un haut portail fermé et surtout des gens qui travaillent à proximité : nous n’entrerons pas par là. Alors nous entamons le tour du complexe en voiture pour trouver une entrée plus facile et surtout moins visible. Le choix s’impose rapidement : le mur d’enceinte n’est quasiment pas accessible car il faudrait traverser des habitations voisines, sauf à un point, à plusieurs centaines de mètres de l’entrée principale.
S’ensuit une petite marche d’approche à travers la forêt. Puis nous arrivons à un premier bâtiment. Il est décevant : c’est une construction de béton sans âme, plongée dans l’obscurité et surtout avec une odeur pestilentielle de crottes de chèvres ! Nous ne faisons que traverser. De l’autre côté nous attend un bâtiment beaucoup plus intéressant.
L’antre du croque-mitaine
Ce second bâtiment tout en longueur est surprenant. Il a le cachet de l’ancien qui se dégrade : poussière, peintures qui craquent, fuites d’eau. Nous faisons quelques photos sans accroche (comprenez sans mobilier, sans trace de vie). Puis après quelques pièces, nous tombons sur un premier fauteuil médicalisé pour enfant, que l’on peut facilement confondre avec un instrument de torture ! Dans ce lieu décrépi l’imagination peut rapidement faire apparaître un croque-mitaine avec ce genre d’outils…
Puis au fil des pièces nous découvrons différents fauteuils. Le bâtiment est entièrement vide à part ces engins de torture. C’est d’autant plus surprenant de les trouver ici. Et chacun est parfaitement placé pour nos photos ! Comme si en vidant le lieu les ouvriers avaient laissé de quoi satisfaire les explorateurs comme nous.
A l’étage le spectacle continue. Nous faisons très attention où nous mettons les pieds vu l’état du toit (ou plutôt l’absence de toit par endroits).
Finalement le bâtiment semble avoir une vocation orthopédique pour les enfants. Je ne pense pas qu’ils cumulaient en plus de cela des problèmes psychiatriques. Mais il nous reste un deuxième bâtiment à explorer, encore plus grand que celui-ci.
L’antre de la folie
A ce moment-là de la visite, il est 19h30 et la lumière commence sérieusement à manquer. Nous décidons d’explorer rapidement ce second bâtiment à la lampe de poche, plus pour ne rien regretter que pour faire des photos.
Ici nous retrouvons une ambiance d’hôpital psychiatrique, plus proche du carcéral avec des grilles aux fenêtres, aux balcons et aux escaliers. Mais à part cela le bâtiment est complètement vide et sans grand intérêt pour nous. En effet il a servi plus récemment que l’autre et il ressemble a un hôpital tel qu’on en connait actuellement. Nous parcourons une partie du bâtiment au pas de course. Tout est vide. Nous avons surement raté quelques pièces intéressantes mais pas d’intérêt sans lumière.
L’antre de la mort
C’est inéluctable, la nuit tombe. Nous replions les affaires et repassons par le petit bois. C’est alors qu’un petit bâtiment attire mon attention, je jette un œil à l’intérieur. Il s’agit d’une petite morgue ! C’est assez rare d’en voir, je ressors le trépied et fais quelques clichés.
Mon appareil photo sait faire des merveilles pour trouver de la lumière là où il n’y en a pas. Mais là il fait vraiment nuit, c’est moi qui ne vois plus rien.