Vacances d’été
Cet été je suis parti en vacances dans les Pays Baltes. En vacances pas urbex. Enfin en vacances normales comme les gens normaux – avec un guide de voyage, un maillot de bain, un appareil photo, … Bref, vous connaissez. Mais aussi avec un trépied, une lampe frontale… Enfin un petit nécessaire d’urbex dans un coin du sac. Et je n’avais pas pu m’empêcher de regarder rapidement ce qu’on trouvait comme sites abandonnés dans ces contrées lointaines. En effet je me devais de vérifier ce que donnaient les mots clés « soviet » + « abandonned » dans ces pays avec un lourd passé d’occupation soviétique. En Lettonie, voilà à quoi mes recherches m’ont rapidement mené : Skrunda-1.
Skrunda-1, c’est tout simplement une ville secrète soviétique abandonnée au fin fond des bois de la Lettonie. Habitée par près de 5000 personnes à son apogée, cette ville construite dans les années 60 sortit de terre pour loger le personnel d’une base radar soviétique. Après l’indépendance de la Lettonie, l’armée russe fut sommée de quitter le territoire et abandonna complètement la base en 1998. Depuis, les 2 radars ont été démantelés, reste la ville fantôme.
Tourisme
Depuis l’abandon, la ville intéresse beaucoup de monde : d’abord les lettons des campagnes alentours qui se sont rués sur tout ce qui pouvait être récupéré – soit à peu près tout sauf les murs. Maintenant ce sont les explorateurs les plus intéressés : explorateurs du dimanche comme les familles du coin – avec grands-parents et enfants, ou plus expérimentés comme moi.
Voyant le succès auprès des nouveaux visiteurs à la recherche de spots urbex, la municipalité a décidé d’officialiser la visite. Des tours opérateurs proposent même des circuits depuis la capitale Riga. Et il faut maintenant s’acquitter d’un droit d’entrée de quelques euros pour visiter.
Le billet d’entrée en question laisse perplexe : il est bien écrit que la visite est à vos risques et périls et il n’y a pas le moindre signe d’aménagement pour le public ni le moindre dispositif de sécurité dans la ville. Ainsi vous pouvez courir sur les toits sans rambardes ou traverser les planchers branlants à votre convenance.
Néanmoins ce billet a un intérêt : avec lui on vous remet un plan sommaire de la ville. Et en commençant l’exploration de Skrunda-1, on se rend vite compte que ce plan est d’une grande aide si on ne veut pas passer 4 jours à explorer les bâtiments un par un à la recherche des points stratégiques. La ville est immense.
Skrunda-1
Passé le poste d’exploration, on se rend vite compte de 2 choses. La première est que le site est immense, et qu’on a bien besoin du plan, aussi sommaire soit-il. La deuxième est qu’on est loin d’être les premiers visiteurs et que tout ce qui avait de la valeur a été récupéré depuis longtemps.
On enchaîne donc la visite des bâtiments. D’un côté sans grand espoir de tomber sur une pépite inexplorée. De l’autre côté en étant quand même dans une ancienne base soviétique… Dans ces conditions, la moindre inscription au mur, la moindre trace de vie prend beaucoup plus d’intérêt que si l’on explorait la ferme du coin dans un bled de l’Ain à une encablure de Lyon.
Pour pimenter un peu la visite, le sol est jonché de douilles. La raison restera sans réponse. Et nous traversons des bâtiments dont la seule évocation du nom est mythique : comme la prison de la base militaire, le club des officiers avec sa salle de cinéma qui n’a plus que le trou pour le projecteur ou encore le bunker.
Les bâtiments militaires
Nous commençons par les baraquements, là où logent les troupes. Quelques indices permettent de deviner l’usage de chaque pièce.
Puis nous enchaînons avec la prison militaire de la ville. Elle est modeste mais les barbelés témoignent de la rigueur qui y régnait.
Je presse ma binôme. Ayant l’expérience de l’exploration des grands complexes, je sais qu’il ne faut pas traîner si nous voulons explorer l’ensemble de la base dans la journée. Nous continuons avec la cantine.
Puis les garages. Toujours des inscriptions en russe, incompréhensibles pour nous. Je reste en extase devant ce panneau explicatif de la mécanique des poids lourds. A croire qu’il comporte assez d’explications pour arriver à réparer un camion en panne.
Les loisirs
Nous arrivons ensuite au club des officiers avec sa salle de cinéma. Ainsi que le club des soldats avec sa salle de sport et ses panneaux – cours de self-défense.
La ville
Enfin la zone résidentielle pour les familles des employés – des barres d’immeubles tels que dans les cités HLM françaises, sauf que la végétation pousse et que la cité HLM a des airs de « The Walking dead »…
Ici nous entrerons peu dans les bâtiments. En effet la fin de la journée approche et les appartements sont tous semblables. Même si les journaux comme sous couche aux murs sont du plus bel effet.
Nous terminons la visite par le bunker : la zone de dernier repli, en cas d’attaque de la base. Finalement tout petit par rapport à la taille du lieu, il ne peut accueillir que quelques dizaines de personnes. Nous nous demandons comment les soviétiques choisissaient qui avait le droit d’entrer…
Nous terminons la visite de Skrunda-1 en en ayant pris plein la vue. Les réalisateurs de « The Walking dead » en avaient rêvé, l’armée russe l’a fait ! Un endroit certes très dégradé puisque pillé et tout le mobilier a disparu. Mais à ce jour il reste le plus grand spot abandonné que j’ai eu l’occasion de visiter dans ma vie d’explorateur. Et une ex propriété de l’armée russe tout de même !