Dans ma pratique de l’urbex, il y a 3 phases pour chaque exploration. Trois phases plus ou moins longues, qui peuvent s’échelonner sur plusieurs années, comme pour l’ermitage camaldule. Tout ça pour finir sur la page wikipedia de l’ordre camaldule ! Mais comment en arrive t’on là ?
La première phase est la recherche de lieux abandonnés : de longues heures plus ou moins productives à errer sur google. Cette phase ne nous intéresse pas aujourd’hui, d’autant plus que je ne me rappelle plus comment j’ai mis la main sur ce spot urbex. Probablement comme la plupart des spots italiens, juste en allumant mon ordinateur car les lieux abandonnés pullulent tellement de ce côté des Alpes que les italiens ne prennent pas la peine de les garder secrets.
La deuxième phase, la plus évidente, c’est l’exploration à proprement parler – celle où je me prends pour un mix d’Albert Londres, Claude Lévi-Strauss et Indiana Jones. Celle où j’en prends plein les mirettes et je remplis mes cartes mémoire. C’est aussi le moment où je me prends les pieds dans les ronces, je transpires beaucoup et je me mange une bonne dose de poussière.
Enfin, la troisième partie du boulot, c’est quand je me retrouve devant mon ordinateur, à traiter les photos (c’est long, mais fun), trouver des titres (toujours bâclé, je n’aime pas faire ça), écrire l’article (finalement rapide, une fois que tout le reste est prêt…) et surtout trouver un nom digne du lieu :
L’ermitage camaldule (la phase 3)
Trouver un nom au lieu est souvent une chose compliquée pour moi. C’est un processus à part entière, avec de nombreux noeuds au cerveau pour trouver un titre intéressant. Ou plutôt un titre qui me plait, qui sonne bien à mon oreille.
Le titre idéal fait référence à un détail du lieu ou à son histoire, voire à une anecdote d’exploration. C’est la phase où je me documente vraiment sur le lieu… Et voici le résultat : l’ermitage camaldule.
Camaldule, ça sonne bien, on dirait une fleur ou un baume pour les mains. En réalité c’est un ordre monastique, créé à l’aube du second millénaire. Les camaldules sont les premiers occupants du lieu que nous visitons aujourd’hui.
Au milieu de nombreuses informations sur leur page wikipedia, on découvre que les camaldules « portent l’habit blanc et la barbe pleine ». Nouvelle recherche, et voici une autre info de taille, glanée cette fois-ci sur le site de Nivéa : « On parle d’une barbe complète ou pleine à partir d’un centimètre de longueur, donc au bout d’un mois environ ». Nivéa précise également que pour une barbe de hipster (5 cm), il faut compter 3 à 4 mois de patience… Il est donc plus facile d’être moine camaldule que hipster. A méditer, pour ceux qui se cherchent encore.
Mais je ne suis pas influenceur mode, revenons à nos moutons. Et passons à la phase 2 : l’exploration de l’ermitage.
L’exploration (la phase 2)
Je me documente relativement peu avant d’explorer un lieu, je concentre mes recherches sur l’accès et la taille du site. Je préfère essayer d’imaginer son histoire à partir de ce que je découvre.
On pénètre dans l’ermitage camaldule par la grande porte, celle de son église. Majestueuse, elle mérite bien sa plaquette « Monumento nazionale ». Elle date probablement du XVIIème siècle, date de construction de l’ermitage. Les pièces accolées à l’église sont décrépies, dans leur jus et doivent également dater de cette période. Malheureusement vidées, elles ne permettent pas de définir leur fonction précise. Nous dirons qu’elles étaient dédiées aux activités du monastère.
Mais les traces des moines ont disparu depuis longtemps. En effet, l’État italien devenu propriétaire du lieu le transforme en sanatorium en 1918. Au cours du XXème siècle, l’ermitage s’enrichit de nouveaux bâtiments tout en conservant des fonctions hospitalières. Dans les années 60, on construit une grande barre de béton hideuse dans le parc. C’est alors un hôpital. L’histoire du lieu se termine en maison de retraite entre 1995 et 2013, date de fermeture complète. Depuis, le lieu a été vidé et saccagé. La grande majorité des espaces ne présentent plus aucun intérêt photographique. Voici les quelques vues que mon œil a retenu.